Jean GASCO, avec la collaboration de Christine PUEYO
Et si les prétendus "talons de lance " de type launacien étaient des poupées d'arc. . .
Durant l'Âge du Bronze, les "talons de lance" sont des pièces découvertes dans bon nombre de dépôts d'objets. Pour certains d'entre eux, leur véritable usage est discuté depuis longtemps. La prudence a pu alors répandre des terminologies moins catégoriques comme les termes de viroles, tubulures, embouts ou bouterolles (Briard et Mohen, 1983). La première dénomination, comme beaucoup en Préhistoire, repose de nos jours essentiellement sur l'analogie et la tradition archéologique. À notre connaissance, il n'a pas été retrouvé de lance complète associant à une hampe une pointe et un talon. Mais bien sûr les comparaisons protohistoriques, antiques ou modernes ont permis depuis longtemps de réunir quelques arguments pertinents. Cependant le doute subsiste pour une sous-catégorie de ces pièces, les talons de lance dits launaciens qui proviennent du sud de la France. Cet article veut en proposer une nouvelle interprétation.
Des piques, des lances ou des javelots
La lance, terme générique communément utilisé par les préhistoriens, est une arme offensive de choc montée sur une hampe de bois. Elle appartient aux armes d'hast. Une lame courte ou moyenne est fixée à l'une de ses extrémités. La hampe en bois de l'objet est de
longueur variable. La terminologie moderne veut que l'on distingue les piques des lances et des javelots ou javelines. Si l'on s'en tient au vocabulaire d'origine historique en usage, la plupart des pointes de lance en bronze appartiendraient à des piques ordinaires dont les extrémités métalliques plates, tranchantes et pointues sont caractéristiques. On devrait réserver le terme de lance pour des équipements plus courts qui sont armés de pointes massives perforantes. Ces armes sont projetées au loin. Le javelot également plus court que la pique mais aussi, souvent, que la lance, est une arme que l'on peut lancer plus loin avec le bras. Mais il est redoutable quand on le tient d'une main ferme et que l'on frappe à la chasse ou plus rarement dans le combat corps à corps. En réalité toutes ces armes, ces piques, sont destinées à l'assaut ou combat plus ou moins rapproché (selon la longueur de la hampe); elles peuvent être projetées selon les circonstances, les capacités du combattant, le poids et la dimension de l'arme. Dans le monde protohistorique grec (Hanson, 1990), la "lance" (pique) assume le passage de l'arme de chasse à celle du combat. Elle est constituée d'une longue tige de bois d'au moins deux mètres à une extrémité de laquelle est fixée une pointe de métal, tantôt en forme de feuille, tantôt massive en forme de pyramide. La hampe, d'ordinaire en bois de frêne, est recouverte de lanières de cuir à l'endroit où on la tient.
Bulletin de la Société préhistorique française
2003. tome 100. n° l.p. 141-154
